La Doctrine Sociale de l'Eglise

Il ne s’agit pas ici de synthétiser la DSE mais de donner un aperçu des thèmes qu’elle aborde, et des valeurs qu’elle défend. Encore une fois, la DSE n’est en rien un ensemble de règles et de commandements mais un référentiel de valeurs dans lequel peut s’exercer librement la conscience humaine.

Elle vise à faire des propositions en accord avec l’enseignement des Evangiles et à la lumière du savoir et de la sagesse accumulée depuis l’origine de l’Eglise.

La DSE se focalise sur l’humanisation des personnes, qu’on pourrait définir comme le processus permettant à chaque individu de s’accomplir en tant qu’Homme et de trouver pleinement sa place dans la marche du monde.

Elle vise à donner des repères solides aux chrétiens pour qu’ils agissent dans la société en cohérence avec leur foi.

Elle essaye plus largement de prévenir la mise en place de structures sociales, politiques ou économiques qui conduiraient inéluctablement à la « déshumanisation » des personnes.

La DSE repose sur deux bases essentielles et avec lesquelles elle ne transige pas:

  • Le respect de la vie humaine ;
  • La dignité de la vie humaine

La société n’a de sens que si elle veille à défendre ces deux aspects de la vie humaine, de sa conception à sa mort naturelle. C’est à partir de ces deux bases que s’est construit la réflexion sociale de l’Église.

L’humanisation des personnes n’est possible qu’à l’aide de quatre valeurs fondamentales :

  • La vérité : être capable de se situer dans un référentiel qui nous dépasse et qui nous permet de distinguer le bien du mal.
  • La liberté : avoir la capacité de choisir le bien ou le mal.
  • La Justice :
      • Justice commutative : celle de l’acte en soi par rapport à un référentiel ;
      • Justice distributive : Dans un groupe donné, chacun reçoit selon sa contribution ;
      • Justice sociale : Recevoir ce qui est nécessaire pour s’accomplir comme Personne.
  • La Paix : une entente dans un groupe donné permettant l’humanisation de tous.

La DSE propose également des principes permettant d’articuler le raisonnement et d’orienter notre réflexion :

  • Le bien commun

C’est la raison d’être de chaque groupe, et cela n’a de sens que s’il permet à chacun de recevoir ce dont il a besoin pour être lui-même.

Il impose un gestionnaire dépositaire de l’autorité et de la responsabilité de garantir ce bien commun. Ce sont les parents au sein d’une famille par exemple. Le pouvoir politique au sein d’une nation.

Les différents groupes mettent en concurrence leur propre bien commun, mais comment choisir celui qui prime ?

  • La destination universelle des biens

Si la propriété privée est un droit naturel, les biens ont toutefois été donnés à tous sur cette Terre. D’où l’option préférentielle pour les plus pauvres.

  • La subsidiarité

Même au sein d’un groupe, nous sommes tous responsables d’une certaine sphère et disposons d’une relative autonomie.

Les groupes en dirigeant d’autres subalternes doivent toujours respecter cette zone d’autonomie et déléguer des responsabilités. Ce n’est par exemple pas le rôle des grands-parents d’élever les enfants mais leurs parents.

  • La solidarité

Nous sommes tous responsables d’autrui, et c’est pour ça que l’on doit tous œuvrer pour le bien commun.

Ce n’est en rien une valeur passive que l’on nous impose, mais un choix libre que l’on fait par respect pour l’autre, en reconnaissant l’autre comme une personne.

  • Les corps intermédiaires

Ce sont les intermédiaires entre ceux exerçant une responsabilité et leurs subalternes. Les représentants syndicaux par exemple.

Ils doivent pouvoir exercer leur jugement et en faire part aux dirigeants : ils participent à la prise de décision

Ils sont nécessaires pour pouvoir diriger de façon verticale avec justice.

La DSE va mettre en avant sept grands lieux de l’humanisation qui s’imbriquent :

  • La famille

Lieu d’humanisation initiale : nous naissons dans une culture, une nation, une ethnie, un milieu social, qui nous détermine initialement, et qu’il faut comprendre et accepter. La famille est la première cellule de la Nation, et on parle donc de la nécessité pour le politique de protéger cette entité fondatrice.

  • Le travail

Réflexions sur le sens du travail : travailler avec et pour les autres, chaque personne se construit par son travail.

  • La vie économique

Ensemble des échanges de biens et de services qui créent mais aussi distribuent la richesse et donc les conditions pour que tous les humains puissent accéder à des situations de vie décentes.

  • La communauté politique

Qui organise le pouvoir, la défense des plus faibles et oriente l’économie.

  • La communauté internationale

Qui permet à toutes les nations de vivre en harmonie.

  • La sauvegarde de l’environnement

Parce que la terre est un bien qui appartient non seulement à cette génération mais aussi à toutes les générations futures et dont il faut donc se préoccuper des maintenant.

  • La promotion de la paix

Parce qu’elle est une exigence indispensable pour que les six espaces précédents se réalisent. La paix est la grande affaire des chrétiens.