Vers un vivre ensemble harmonieux et inclusif au Togo avec le CEJP

Dans la quête commune de construction d’une société togolaise harmonieuse et inclusive, le Conseil Episcopal Justice et Paix Togo (CEJP Togo), service de l’Eglise catholique qui œuvre pour des questions de paix, de justice sociale, de dignité de la personne et des droits humains, s’investit pour renforcer la cohabitation pacifique au sein des groupes identitaires et des communautés à la base. Dans cette optique, depuis 2020, il met en œuvre le projet « Consolidation de l’Engagement des jeunes, femmes et leaders d’opinion à la Citoyenneté et à la Solidarité » (CECS) dans 14 communes du Togo.

 

Le projet vise à renforcer la capacité des citoyens togolais à travailler ensemble pour le bien commun, en transcendant leurs différences de tout ordre. Les jeunes, les femmes et les leaders d’opinion étant des acteurs catalyseurs de changement, ont été ciblés pour contribuer à promouvoir un vivre-ensemble pacifique et prospère dans les 14 communes d’intervention à savoir : Zio1, Zio2, Kloto2, Kloto3, Bas-Mono1, Bas-Mono2, Ogou1, Ogou2, Tchaoudjo2, Tchaoudjo3 Dankpen1, Dankpen2, Tone1 et Tone4. Au total, 1083 personnes participent à cette initiative, dont 212 leaders d’opinion et 871 jeunes et femmes sur l’ensemble des 14 communes (soit 391 femmes et 480 hommes).

Ce projet CECS repose sur l’approche méthodologique 3B/4D de la cohésion sociale que nous désignons en langage simple « le cheminement du voyage de la tête eu cœur ». Cette approche s’inspire de « Les liens qui unissent », un guide de formation en cohésion sociale élaboré par le Catholic Relief Services (CRS). Cette approche méthodologique combine de manière novatrice les 4D de l’approche appréciative Discover (Découvrir), Dream (Rêver), Design (Concevoir), et Deliver (Réaliser), avec le cadre des 3B pour la consolidation de la paix Binding (reconstruction intrapersonnelle), Bonding (renforcement des relations au sein de mon groupe identitaire), Bridging (faire le pont avec d’autres groupes identitaires et développer de la confiance entre deux ou plusieurs groupes identitaires)pour renforcer les liens de confiance entre les citoyens et les communautés

Le résultat est une approche efficace qui, dans le cadre de la consolidation de la paix par le rapprochement des peuples a permis aux citoyens et groupes identitaires des 14 communes ciblées par le projet de porter un regard introspectif sur les désaccords et mésententes, de trouver un terrain d’entente, de rechercher des solutions pacifiques pour le règlement des différends, de collaborer dans l’intérêt commun et d’imaginer un avenir harmonieux bénéfique pour tous. Une autre particularité non négligeable de ce projet est l’utilisation des langues locales dominantes de chaque localité pour implémenter les formations et les renforcements de capacité, et pour véhiculer les messages.

 

Grâce à cette approche innovante et participative, le projet CECS produit des impacts positifs significatifs au sein des communautés à la base. Les participants ont acquis des compétences en communication interculturelle, en médiation et en résolution pacifique des conflits. Ils sont devenus des agents de changement, capables d’initier et de mener des actions citoyennes qui contribuent au bien-être collectif. En témoignent de nombreux bénéficiaires, des autorités locales et des communautés qui mettent en évidence que le travail de CEJP Togo est apprécié, et que des changements sont perceptibles dans les comportements et attitudes des citoyens :

  • « Ce qui m’a le plus marqué dans le projet CECS est la méthodologie utilisée. Tout bénéficiaire formé, lettré ou pas, peut transmettre les messages reçus. Un jour, pendant que j’étais au champ, j’ai entendu une voix féminine s’entretenir avec des personnes dans un champ proche du mien. Je suis resté attentif au message sur la cohésion sociale véhiculé par la dame. J’étais très impressionné par la fidélité du message et j’ai compris qu’il s’agissait d’une bénéficiaire formée. Je me suis approché du groupe pour appuyer ce que la dame disait. » (Un Conseiller Municipal de la Commune Dankpen 2).
  • « Avant, lorsque des gens se disputaient, personne n’osait s’approcher d’eux. Avec mon statut d’allogène, je ne me sentais pas en sécurité pour aborder les autres. Je ne pouvais pas parler librement par peur que mes propos ne soient mal accueillis ou entrainent des répliques violentes. Aujourd’hui, la situation s’est beaucoup améliorée avec le projet CECS puisque les gens acceptent de dialoguer pour régler pacifiquement leurs différends. Etant coiffeuse, j’entends plusieurs de mes clientes se plaindre des problèmes de leurs foyers. Je leur demande la permission de rencontrer leurs maris. Je suis intervenue avec succès dans la résolution de 11 conflits conjugaux. Plusieurs femmes continuent de me solliciter pour des conseils. » (Alice, une Coiffeuse à Kouka, Commune Dankpen 1).
  • « Du début du projet jusqu’à maintenant, il n’y a plus eu d’affrontement violent entre citoyens ou entre communauté. Actuellement nous sommes en saison des pluies où jadis les conflits fonciers explosent, mais tout est calme. C’est un signe que nous avons renoncé à la violence » (M. Basile, un bénéficiaire du projet).
  • « J’ai utilisé les connaissances acquises lors de la formation en cohésion sociale pour assurer une médiation dans le cadre d’un conflit foncier. Cette médiation a permis aux citoyens de s’entendre sur un règlement à l’amiable, évitant ainsi un règlement juridictionnel et des affrontements physiques » (M. KOYENE Kossi, un Président de Comité de Développement de Quartier).
  • « Depuis la crise politique de 2017 je ne parle plus avec les responsables du parti politique PNP de la localité. Mais à la suite de la formation en cohésion sociale, j’ai commencé à parler avec les responsables du PNP. Le président local du PNP et moi, on se taquine chaque fois que nous nous croisons » (Un Conseiller municipal membre du parti politique UNIR).
  • « Evidemment, les membres de mon parti PNP ne parlaient plus avec les membres d’UNIR depuis les évènements de 2017. Une grande méfiance s’est installée entre nous. Cependant, après la formation, je note un rapprochement entre nos membres plus particulièrement entre les responsables d’UNIR et moi où nous nous taquinons à chaque fois qu’on se croise dans la localité » (un président d’une branche locale du parti politique PNP)
  • « Dès ma prise de fonction dans la localité, j’ai constaté une grande méfiance entre les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et les civils, entre les habitants et les partis politiques. Après cette formation, je constate un rapprochement entre les personnes, notamment entre les bénéficiaires du projet et les FDS, entre les leaders des partis politiques. Par ailleurs, le président du PNP se méfiait des FDS partout dans la localité. Depuis cette formation, il y a eu un rapprochement et cette méfiance disparait. Aujourd’hui, le président du PNP parle bien avec moi et me taquine quand nos chemins se croisent » (Un Chef de Brigade adjoint de la gendarmerie).

Nous constatons à travers ces différents témoignages que ce projet permet ainsi non seulement de raffermir les liens horizontaux entre les individus et entre les groupes au sein des communautés touchées, mais également d’améliorer les liens verticaux entre les citoyens et les autorités administratives locales, les acteurs politiques et étatiques (Préfets, Forces de défense et de sécurité, Maires, Conseillers municipaux, partis politiques, CVD/CDQ, coalition des OSC, Chefs canton). Il a en somme entrainé l’ensemble des acteurs sociaux dans un processus de collaboration pour définir une vision commune et s’engager dans des projets conjoints pour un meilleur vivre-ensemble au sein des communes.

De plus, le projet CECS a renforcé la solidarité et la coopération entre les différents groupes identitaires, favorisant un climat de confiance et de respect mutuel. Il a également permis de stimuler l’engagement des jeunes, des femmes et des leaders d’opinion dans la prise d’initiatives communautaires, telles que des projets de développement local, des initiatives environnementales et des programmes d’éducation.

 

Le CEJP Togo s’engage à continuer à promouvoir la formation en cohésion sociale au sein des groupes identitaires des communautés à la base. Il reste convaincu que cette approche permettra de consolider le tissu social et de construire un Togo où chacun est reconnu, respecté et valorisé.

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